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Arrivé en début de saison au S.C.U.F, un club que je connaissais seulement de nom, j’ai pu découvrir son histoire petit à petit, mais cette Rose Cup restait très floue. Mes coéquipiers me demandaient si je venais, et j’imaginais cela comme un simple match amical, sans enjeu, contre un club anglais ami, qui s’apparente à un voyage de fin d’année.

Le mois de mai arrive après une belle saison en Fédérale 3 et une élimination en 32ème, notre dernier match sera la Rose Cup. Notre capitaine Antoine Simon, dit Mowgli, absent, je prends son relai pour ce match chez les Anglais. Nous embarquons le vendredi soir pour Stratford-Upon-Avon, l’occasion de rencontrer les “Vieux Cochons” et les dirigeants et bénévoles du club, que je ne connaissais pas et qui nous partagent leurs souvenirs : victoires, lourdes défaites, anecdotes de soirée, traditions…

Après un buffet et une soirée (sans folie, veille de match oblige) dans le club house mythique de ce petit stade plus que centenaire, nous découvrons tout un mur à l’effigie de la Rose Cup et du SCUF. Les photos du premier match en 1905, des blasons, des maillots… Seulement trois joueurs étaient déjà venus en Angleterre pour jouer ce match, mais nous prenons tous conscience du poids de l’histoire autour de ce match.

Le lendemain, jour de match, après un english breakfeast et un café devant la maison de Shakespeare, nous nous rendons au stade pour encourager les Vieux Cochons et retrouver les joueurs qui dormaient chez nos hôtes du weekend. J’ai demandé aux plus anciens de nous remettre les maillots, notamment Wlad et Jean, qui ont joué leurs premières Rose Cup dans les années 1960. La motivation était toute trouvée pour l’équipe première, et l’envie d’imiter les vieux cochons pour un premier doublé historique en terre anglaise.

Le match est très disputé, nous envoyons beaucoup de jeu et prenons des essais casquettes, fidèle à notre saison. Nous prenons l’avantage en fin de match, 36-32, et une dernière action pour les locaux et leur ami l’arbitre met à l’épreuve notre solidarité sur notre ligne d’en-but pour ne pas lâcher cette Rose Cup. Une dernière mêlée héroïque de nos avants, nous offre la victoire. Nous soulevons donc cette magnifique Rose Cup pour la 5ème ou 6ème fois de l’histoire en Angleterre, et la joie dans le regard, parfois un peu humide, des plus anciens nous a tous rendu très fiers.

Place aux traditions, et une 3ème mi-temps déguisée sur le thème de l’Eurovision, avec nos adversaires du jour, mémorable. Le lendemain, et quelques regards fatigués mais bien habillés, nous nous retrouvons tous ensemble pour un repas, la remise des coupes et de quelques cadeaux, l’élection de l’homme du match et un dernier moment de partage avant un retour en France, la saison officiellement terminée.

La Rose Cup est bien plus qu’un simple match amical ou un voyage de fin d’année contre un club anglais. C’est une occasion de nous plonger dans l’histoire du SCUF, et de réunir les différentes générations qui se croisent peu souvent.La victoire lors de cette édition de la Rose Cup conclut une belle saison 2022/2023, et nous servira pour la saison prochaine. Allez le SCUF !

La parole du Capitaine victorieux du 8ème Match des Anciens : Jeff Foucard

Difficile de dire quand ce déplacement à Stratford a vraiment commencé : il y a un an, après la défaite à domicile ? en début de saison, quand j’ai compris que je serais probablement capitaine des Vieux Cochons pour ce lever de rideau de la Rose Cup ? mercredi, lorsque Lazz commençait à nous partager les photos du périple des trois courageux joueurs qui avaient décidé de rejoindre l’Angleterre à Vélo ? ou peut-être jeudi, lorsque Clg décide à 3h du mat’ de m’envoyer un texto pour savoir si je connaissais un médecin capable de faire un certificat médical à Thibaut pour qu’il puisse revêtir la tunique rose. Le temps que je le lise, sa licence était déjà prête…

Bref, c’est un peu la boule au ventre en rejoignant les autres Scufistes à l’aéroport vendredi. Et quand bien même c’est un peu moins l’inconnu que lorsque j’ai fait le voyage la première fois 15 ans plus tôt. Je sais par exemple, privilège des Vieux Cochons, que je n’aurais pas à déjouer les stratégies de mon hôte pour me faire boire les verres de trop le vendredi, qui m’assurerait qu’il serait bien sur le terrain le vendredi. Mais bon, difficile de résister à l’appel de ce club-house si particulier, et à celui d’une bière partagée avec les copains qu’on n’a pas vu revu depuis quelques temps.

Le samedi aussi on sait à quoi s’attendre : des vestiaires qui puent le rugby. Un groupe particulièrement concerné dès l’échauffement et plus concentré que jamais. Peu importe les derniers ajustements de composition, on a une équipe pour gagner ! Les blessures s’enchaînent en première mi-temps. Et même si on est portés par un pack monstrueux, par un Roch en mission, un Clg de gala et par la vision du jeu de Kevin en deuxième 10 à l’anglaise, même si on prend les points au pied contrairement à nos adversaires, on souffre jusqu’au bout. L’arbitre nous délivre enfin pour un point d’avance !

On peut enfin profiter des bières locales devant la Rose Cup. Voir l’équipe une chanter la marseillaise, souffrir en début de match, puis retourner complètement la situation pour s’imposer largement tout en échangeant avec nos adversaires du jour ; retrouver nos hôtes des années précédentes, ou ceux qu’on a hébergés (Peps, Jay, Gareth de mon côté).

Comme d’hab, on taira la 3ème mi-temps, les jeux à boire, les chansons (de l’Eurovision ou pas forcément), la fin de soirée au Cazbar.

Un dernier rendez-vous au Club-House pour le déjeuner du dimanche midi, des discours qui permettent de replacer le contexte historique de cet événement de 118 ans. Quelques « no-shirt, tie on » pour finir des bières et c’est déjà l’heure de repartir, non sans avoir une nouvelle fois remercié les hôtes du week-end et s’être donné rendez-vous dans un an. Nul doute que les anglais sauront venir en nombre pour tenter de rapporter les trophées chez eux. Déjà hâte d’y être pour ma part !

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La parole de Lionel Busson, vainqueur en 2002 (cap.) et 2004 à Stratford :

Cette cuvée 2023 figurera parmi les plus belles éditions auxquelles il m’a été donné d’assister, depuis que j’y participe depuis 1996, sur et hors le terrain. On croit tout connaître de cet évènement exceptionnel de la vie du Club. On le redécouvre à chaque fois. On se surprend à être toujours pris par l’émotion lorsque l’on découvre cette vieille tribune, les joueurs se resserrent dans ces vestiaires si particuliers. La magie est toujours présente au moment du banquet officiel, le dimanche midi. Retrouver nos amis Anglais après avoir tant de fois lutté contre eux nous renvoie à nos 20 ans et agit comme un bain de jouvence. Tout était réuni, cette année. La virée cycliste de trois Vieux cochons, Romain, Hugo et Nicolas, partis mardi rejoindre le Warwickshire, donna le ton. Deux équipes complètes et complices rejoignirent les rives de l’Avon par la suite. Des Anciens se mobilisèrent également, des deux côtés de la Manche. Le Trophée a été respecté. Le succès d’une Rose Cup repose en effet d’abord sur un vrai match de rugby, peu important le vainqueur, finalement. Cette année, il y eut deux belles rencontres, dignes du Trophée. Celle des Vieux Cochons, merveilleuse équipe composée de joueurs, fidèles parmi les fidèles, qui refusent de vieillir, donna le ton, cornaquée par ce Corse que je chéris, mais dont il faut s’éloigner à l’heure du lama. Le discours du capitaine Jef Foucard dans les vestiaires fut poignant et la joie des joueurs à la fin de la rencontre témoigne de l’importance que revêt ce weekend pour cette génération. Je retiendrai également la prise de parole d’Arnaud Seux dans les vestiaires qui assura sa conversion définitive au scufisme et les mots d’Arthur Calvet, le capitaine de la First team, dont les hommes firent ce qu’ils s’étaient promis de faire. Le match rendit hommage à la Rose Cup et je me souviendrai longtemps de deux mêlées, celle de la fin de la première mi-temps, où le pack noir et blanc, chahuté en début de rencontre, emporta tout sur son passage, et la dernière, après la rentrée de l’entraîneur. La communion générationnelle sur le terrain après les matchs, fut touchante, à la mesure de l’évènement. Un autre temps fort du weekend fut celui du dîner officiel. J’en parle, car c’est émouvant (je suis beaucoup dans l’émotion) de voir ces personnes d’un âge respectable, répondre encore et toujours présent pour témoigner l’importance qu’elles attachent à cette tradition et à cet esprit. De vieux combattants heureux de voir que cela perdure. Côtoyer des types qui ont joué cette Coupe dans les années 1960, 1970 ou 1980 est un privilège que je vous fais partager. La soirée, ça ne s’écrit pas, ça se vit. Un regret ? Le fait que Stratford n’ait que le Kasbar à proposer aux noctambules. On ressentit enfin le profond respect entre les deux Clubs, gardiens d’un état d’esprit à préserver à tout prix, lors du banquet. La tenue correcte exigée, les discours, et la remise des cadeaux, autant de moments forts que même le vin anglais ne gâcha pas. Vivement l’année prochaine ! La Rose Cup est éternelle.