SCUF U12 – jouer sans s’entraîner ou les vertus du désir du groupe Comment jouer sans faire ses gammes ? Exécuter un geste non répété ? Travailler sur la base d’un entraînement annulé ? Toutes les catégories du SCUF se posent la question après des semaines de fermeture du stade Max Rousié, toutes ne trouvent ni les mêmes réponses ni n’obtiennent les mêmes résultats. Car la seule réponse possible, c’est qu’on part avec ses grands principes et qu’on revient avec ses propres moyens. On s’arrête là ? Non. Car l’équipe B des U12, étrangement (et non, les éducateurs n’en tirent aucune gloriole mais revendiquent de jouir, pendant qu’il est temps, de ces belles circonstances) connaît un intéressant regain de forme. La preuve à Boulogne samedi, où l’ACBB nous recevait avec le Stade français. Nous ne sommes pas polis. Nous avons donné une leçon à l’ACBB (8-1 et 6-1) en entamant très fort cette matinée ensoleillée. Jeu dans l’axe, soutien au près. Quand on n’arrive pas à aligner trois passes en profondeur, il faut s’adapter. Les ballons ne sont pas tombés et nos hôtes ne nous ont pas vu venir. Les timides ont regardé d’un oeil circonspect, les teigneux ont mis la tête dans les murs, les leaders ont donné des consignes, les gazelles ont mis les gaz. C’est à ça qu’on les reconnait. Si on voulait parler de matière à bosser pour les prochains entraînements, qui à ce stade relèvent du fantasme calendaire, on évoquerait ces ballons stupidement arrachés, cette façon désespérante de s’agglutiner autour de la sainte gonfle dès le deuxième temps de jeu, cette ligne de défense en quinconce au fur et à mesure que l’adversaire se rapproche, cette faiblesse dans la compréhension du jeu. A défaut d’entraînement, on en parlera au prochain match et on brûlera des cierges à la grande pagode du dieu rugby. Pour le Stade français, heureusement, ce fut une autre paire de manches. La semaine précédente, on était déjà tombé à Antony sur deux équipes de faible niveau. Le discours sur la vigilance, le travail cent fois répété, l’évidence selon laquelle « cette fois si, va falloir hausser le niveau de jeu » risquait de ne plus passer. Mais on goûta autre chose. En deux mi-temps perdues 4-2 à chaque fois, on apprécia une capacité à ne pas baisser les bras, à ne plus vérifier ses lacets à chaque essai adverse, à ne pas ralentir les courses le ballon en main. Bref, à ne pas tenir la défaite pour acquise, ce qui reste le chemin le plus court pour envisager la possibilité d’une victoire. Les défauts ont été identiques – ça facilite considérablement le briefing d’après-match – mais l’adversité a rajouté du vécu à une équipe qui a cette saison souvent triomphé des faibles pour mieux sombrer face aux forts. Nous voilà à deux mois des grands tournois. Le réservoir n’est pas riche : nous tenons une équipe de titulaires (10 joueurs) et notre tâche majeure constitue depuis des semaines à faire accrocher le wagon à ceux qui restent au chaud dans la voiture bar pour bouffer des bonbons en comptant les petits billes noires. Avec un ou deux absents, nos ambitions vacillent. Il faut donc faire des émules, fussent-elles chétives et hésitantes. Les convaincre qu’eux aussi sont capables. Et pour ça on en revient aux bases. Le groupe, l’émulsion collective au service d’une émotion joueuse. Et bizarrement, encore une fois, on ne jurerait pas que quelque chose ne soit pas en train de se passer. Ce n’est pas une certitude mais un espoir vaut mieux qu’un refus de se battre.