Le rugby est un sport collectif. A ce titre, les victoires se dégustent à plusieurs et les claques se reçoivent à plusieurs. Donc samedi, les scufistes sont allés se faire claquer tous ensemble à Vincennes. Belle démonstration de solidarité ! A bien y regarder de près, pourtant, les scénarios ont été très différents. Mais qu’il s’agisse des 2e années, fessés cul nul, des premières années vaincus sur le fil d’un match mené jusqu’à l’épuisement, ou des débutants défaits mais valeureux, il y avait moult enseignements à retenir. Rapide tour d’horizon. Les premières années : oublier le score Pour nos voisins britanniques, « respecter son adversaire, c’est lui mettre les points qu’il mérite de prendre ». Et bien reconnaissons que Vincennes a fait preuve d’un immense respect à notre égard. Par pudeur, nous tairons le score final de cette opposition remportée haut la main par des locaux plus puissants, plus rapides et bien mieux organisés que nous. Que nous a-t-il donc manqué ? Pas de courage assurément. Car il en fallait une sacrée dose pour encaisser les caramels que nous ont infligés les joueurs de Vincennes pendant 45 minutes et retourner tout de même sur le terrain ! Pas de talents non plus d’ailleurs : sur quelques rares actions, les noirs et blancs ont, par leur vitesse de course et leurs crochets, réussi à bousculer leur adversaire et à percer leur hermétique défense. Ce qui nous manqué, c’est tout le reste : de la discipline dans le placement, de l’efficacité dans les plaquages, de la puissance dans les duels et de la justesse technique ballon en main. Oui, pas de doute, on a du boulot. Mais ce qu’il nous a surtout manqué ce samedi, c’est de la solidarité. Cette solidarité qui fait l’essence même du rugby, qui transforme une bande de gamins en une équipe soudée, unie, irréductible. Cette solidarité qui pousse chaque joueur à se dépasser et à se sacrifier pour son pote, à toujours le soutenir même lorsqu’il fait le mauvais choix de jeu. Cette solidarité qui se révèle par des encouragements constants et non des critiques stériles. Cette solidarité qui permet, comme dans peu d’autres sports, de vaincre plus fort que soi. Et qui permet, lorsqu’on est mené au score et qu’on prend la marée, de ne pas baisser la tête tout de suite en se disant que tout est foutu. Les deuxièmes années : oublier la fatigue C’est la grande solitude du dirigeant. Composer trois équipes de 15 joueurs et se retrouver avec un effectif famélique puisque X avait piscine, Y était au poney et Z à l’anniversaire de Germaine junior (sa meilleure amie). Bref, nos premières années se sont présentés à 12 quand Vincennes affichait 18 joueurs sur la feuille de match. Belle entame pourtant ! Nous entrons sur le terrain plein de belles intentions. La défense se met en place, quoique sans se parler (le shoot, que diable !) , les plaqueurs se relèvent vite et la gonfle chante de temps en temps le grand air du large même si, en bon pavlovien, nos arrières préfèrent systématiquement le retour intérieur à la conquête du couloir. A la pause, nous menons 8 essais à 4. Une paille ! A l’opiniâtre rideau défensif se sont ajoutés quelques exploits individuels et une poignée de coups de maîtres (si, si, la passe au pied pour l’aile opposée…) et nous voilà en position de force ! Mais l’équilibre est si ténu entre la confiance qui donne des ailes et celle qui met du plomb dans les chaussures… Il ne faut pas longtemps à nos hôtes pour arrêter de baisser les yeux, retrouver du collectif et enchaîner un rugby ambitieux fait de vitesse, de soutien et de patience. 9-8 à un quart d’heure de la fin, on se dit que tout est encore possible. Mais c’est là que le physique intervint, cruel et implacable. Malgré l’aide de deux jeunes débutants venus renforcer les rangs des 1ères années (merci les gars !), les efforts consentis sont devenus trop lourds, quand nos adversaires pouvaient se permettre de changer d’un coup tout l’effectif. Au bilan, une défaire 11-9. On regrettera un petit manque de lucidité qui se règlera avec l’expérience et la condition physique. Et la fragilité nerveuse de celui qui s’est vu trop beau trop tôt et qui se met à faire des fautes inutiles… Mais pour le troisième weekend consécutif, un combat, un vrai, avec des bleus et des larmes, des sourires et des courses, des espoirs et des envies d’encore. En septembre, avouons-le, certains de ces petits-là nous semblaient bien trop petits et bien trop tendres. Erreur ! Il sont là, bien là et la saison sera belle. Les débutants : oublier qu’on est débutants Les jeunes pousses étaient les premiers convoqués sur le pré du stade Léon Bonvoisin et ils n’ont pas fait semblant. Sur trois mi-temps, ils firent mieux que tenir tête et progressèrent même dans le courant de l’après-midi. 2-6, 4-5, 4-3. On termina donc la joute par une victoire de prestige sur le dernier tiers-temps. Peu à peu, les joueurs ont progressé au plaquage, devenant peu à peu l’essence même de ce qu’est un joueur de rugby. Deux-tiers d’entre eux savent plaquer un joueur statique. Pour l’armoire normande lancée pleine balle, on attendra un peu mais ce n’est pas un souci. Quelques individualités s’affirment, parlent, prennent leurs responsabilités, deviennent indispensables. Même ceux sur lesquels on n’aurait pas forcément parié une grille du loto s’y sont mis… Alors, oui , le jeu reste très individuel mais ce n’est pas grave. Le but, pour eux, est d’apprendre les bases, d’appréhender le contact, de jouer autant sans ballon qu’avec (quel défi !). Et de ce point de vue là, les progrès sont indéniables. Faut-il le rappeler, le SCUF est la seule école de rugby d’Ile-de-France à aligner trois équipes. Et rien que pour ça, pour les 40 qui avaient fait le déplacement, ces trois défaites sonnent comme autant de victoires. Les éducateurs U12