Déjà, le bilan comptable. Trois équipes U12 inscrites en championnat, 40 gamins sur le pré, en noir et blanc ou blanc et noir, avec l’écusson qui va bien. Des juniors en pagaille pour les entraîner et des objectifs clairs à Gennevilliers (2èmes années), à Rousié (1ères années) et au Plessis-Robinson (débutants). Avec enfin du rugby complet, à dix contre dix, mêlées (simulées), touches, rucks et autres grands coups de pied pour faire comme à la télé. Et si les gamins s’étaient donné le mot ?Et si, à force de travail, ils avaient intégré le plaisir du dépassement de soi, l’ivresse d’un tampon bien ajusté ou juste d’un adversaire qui tombe ? Et si, tout bêtement, dans cet effort collectif, ils s’étaient mis à s’aimer, même un tout petit peu ? On ne saurait tomber dans l’excès de confiance, ces choses là entrent et sortent, s’acquièrent et s’oublient, se construisent et se déconstruisent. Mais oui, sur trois terrains d’Ile-de-France et du nord au sud, nos scufistes se sont mis à l’ouvrage pour faire tomber, élever des murailles et récupérer des miettes dont on fait les festins. Il y a des jours comme ça où malgré la pluie, la boue et le froid, on ressort du terrain avec le sourire aux lèvres, avec cette joie simple de voir une équipe grandir et des gamins s’éclater avec un ballon ovale et capricieux. GENNEVILLIERS Après les belles promesses de Chatou, il s’agissait de confirmer les progrès réalisés face à de solides locaux et des Montessonnais invités surprises après le forfait inexpliqué de Neuilly. L’échauffement fut l’occasion de rappeler les consignes de base pour la journée (défense, plaquages, défense, plaquages, défense… ad libidum) et surtout pour nos petits parisiens, plutôt habitués au synthétique de Rousié, de se familiariser avec l’étendue boueuse qui allait leur servir de terrain de jeu. Après quelques roulades, le blanc de nos maillots n’était déjà plus qu’un lointain souvenir. Les appréhensions et autres grimaces au contact de la gadoue aussi. Tant mieux, car face aux beaux gabarits de Gennevilliers, il n’allait pas falloir se cacher ! Le premier match contre l’équipe 2 de nos hôtes du jour est une promenade de santé et permet à nos joueurs de monter en puissance. Parfaitement arbitré par un de nos juniors venu en renfort, les scufistes s’imposent largement, sans vraiment avoir à s’employer en défense et en faisant étalage de toutes leurs qualités offensives. L’opposition suivante face l’équipe 1 s’annonce bien plus relevée. Costauds et bien en place, les joueurs adverses pilonnent notre ligne et nous mettent à mal dans les rucks. Mais le rideau défensif est bien en place, les « shoot » retentissent à chaque sortie de balle adverse, la 3ème ligne découpe à tout-va et chaque ballon récupéré est joué à fond. Seules quelques maladresses et erreurs de placement nous empêchent d’aller à dame. Après 20 minutes d’un âpre combat, la rencontre se conclut sur un score nul. Encore une fois, il y avait la place pour s’imposer. Mais encore une fois, l’essentiel est ailleurs : ourdés de la tête aux pieds, les scufistes ont à nouveau fait preuve d’un bel esprit de sacrifice, d’une solidarité à toute épreuve et surtout d’une impressionnante rigueur défensive. Le 3ème match contre Montesson s’achève sur une victoire facile et anecdotique avant un « ventre-glisse » bien mérité dans la boue (au cas où il restait encore quelques tâches de propre sur les maillots). Comme on dit à la télé : « l’équipe vit bien ». Et croyez-nous, c’est parti pour durer !! MAX ROUSIE A Rousié, on a fait la fête. A 5 minutes de la fin de la seconde mi-temps face à Suresnes, une école de rugby respectable s’il en est, nos guerriers en culotte courte étaient menés deux essais à un. Alors oui, il a fallu de l’abnégation pour percer la défense des verts, il a fallu fermer les yeux sur les coups qui s’offraient au large mais qu’on jouait au cœur des murs et les essais tous faits échappés dans des maladresses. Mais au final, en refusant de perdre et d’abandonner le combat, les p’tits noirs ont plongé par deux fois en quelques minutes en terre promise pour emporter la finale du jour. Battre Suresnes… Plaisir, moins équipés, moins aguerris, ont certainement appris de leur passage dans le 17ème arrondissement de Paris. Un 13-0 un peu sec, mais justifié tant nos scufistes ont su conserver leur niveau de jeu au degré d’exigence qui va bien. Et lorsqu’un joueur allait à dame tout seul, au mépris des copains qui se présentaient à ses côtés, il finissait par faire une passe dans l’en-but à son coéquipier, sans que nul ne lui demande. Ah, plaisir du partage, donc ? Bilan: encore deux matches gagnés. Invaincus depuis depuis quatre matches, on jurerait qu’ils y prennent goût. LE PLESSIS ROBINSON Restait à se sortir du piège du Racing. Une école de semi-pro surentraînée, ce n’est jamais très bon pour des débutants. D’autant que ces derniers partaient à dix affronter le vent glacial de la plaine du Plessis, les autres s’étant, toute honte bue, faits porter pâles pour toutes sortes de bonnes et de mauvaises raisons. Car le Racing, c’est quelque chose. Un maillot couleur pro, une école de rugby qui force le respect et une histoire riche de quelques déculottées mémorables, à chaque fois qu’on s’y rendu sans être prêt à laisser le cerveau au vestiaire pour livrer bataille. Les autres équipes n’ayant pas fait le déplacement (les absents ont tort), nous voilà partis pour trois fois quinze minutes contre le Racing. Leçon numéro un : on se fait piquer le ballon dans chaque ruck. Nos joueurs, congelés et un peu apathiques, regardent l’équipe adverse jouer. Fin du premier tiers-temps: 4-0 pour le Racing. Le temps de se tenir chaud, en grappe, pendant que les éducateurs sont en train de perdre le peu de voix qu’il leur reste, et c’est reparti ! Et là, autre partition. Les petits mettent la tête là où, il y a 10 minutes, ils n’auraient pas mis les pieds. Ca plaque, ça couine et ça gémit. Nous ne sommes pas armés techniquement, mais les joueurs ne veulent rien lâcher, piqués au vif par la vérité du jour. Au coup de sifflet, 4-4. On peut changer de discours et enfin parler de jeu. Et c’est comme si la vertueuse s’était inscrite dans le temps. À la 7ème minute, on mène 3-1. Les joueurs sont au seuil de leurs limites mais sont courts physiquement. Sans remplaçant (les absents ont tort, on vous dit), nous commençons à payer la facture. Les esprits s’échauffent et nous finissons avec un joueur de moins sur le terrain. Coup de sifflet final, 5-3 pour le Racing. Bravo à eux mais quelle bataille ! L’épreuve des premiers contacts un peu rudes est maintenant derrière eux. Ceux qui ont passé le test avec succès sont fiers du travail accompli. Ceux qui ne l’ont pas encore franchi regardent les copains et se promettent de les rattraper la prochaine fois. L’équipe éducative des U12